Aluminium : une ressource abondante à l’orée de sa pénurie ?

Tout récemment, les métaux ont connu une hausse des cours très importante qui a impacté lourdement de très nombreuses industries. L’aluminium, ressource importante et très abondante, a connu un pic en 2022 allant jusqu’à 3 500$ la tonne, aujourd’hui stabilisé autour des 2200 $ la tonne. Un niveau encore haut en comparaison des cours du passé situés aux alentours des 1 500$ la tonne.

L’économie mondiale ralentissant, des analystes pensent qu’un basculement offre / demande va faire tendre l’économie vers un phénomène de surproduction imminente. La Chine, principal moteur industriel mondial et de fait principal consommateur de matières premières, peine à redémarrer malgré un léger sursaut suite à la réouverture du pays en tout début d’année. Mais la baisse du commerce mondial n’est pas l’unique facteur de ce ralentissement.


La sécheresse impacte la production mondiale

La sécheresse que nous connaissons actuellement en France touche aussi l’Empire du Milieu et les productions hydroélectriques sont en berne, obligeant les autorités chinoises à rationner les consommations électriques. La production d’aluminium est extrêmement énergivore, il faut compter près de 13,5 MWh pour produire une tonne d’aluminium liquide. Afin de ne pas déséquilibrer la fourniture d’énergie, les gestionnaires des réseaux électriques ont donc décidé d’un commun accord de pousser les industries à diminuer leurs volumes.

Contrairement au lithium ou à l’uranium, l’aluminium n’est pas une denrée rare : il représente 8% de la masse de la croûte terrestre et est également réparti sur tout la surface du globe, ce qui signifie, en théorie, que tous les pays peuvent, s’ils en ont les moyens, produire de l’aluminium. Ce n’est toutefois pas si simple, l’industrie de la transformation de l’alumine étant très énergivore il faut disposer d’une électricité fiable et peu coûteuse, tout en étant capable de faire face à la pollution engendrée par ce type de production. Les contraintes restent donc nombreuses et les pays développés ont volontiers délégué cette tâche à la Chine qui a endossé le rôle de leader dans le secteur.

Mais se délester auprès de la Chine a aussi des conséquences et les récentes contraintes environnementales ont forcé le géant asiatique à réduire la voilure, impactant l’ensemble des industries dépendantes de ses volumes de production. On parle de l’automne 2023 pour une possible reprise des volumes de production habituels, un temps encore très long qui risque d’avoir de douloureuses conséquences.


La transition énergétique va considérablement augmenter la demande en aluminium

La prise de conscience écologique de ces dernières années et la transition énergétique qui en résulte va provoquer une hausse significative de la demande en aluminium. Le précieux métal est en effet nécessaire pour les pales des éoliennes, les structures de panneaux solaires ou encore les cathodes de batteries lithium. L’IFPEN (Institut Français du pétrole et des énergies nouvelles) estime qu’à l’horizon 2050, la demande cumulée devrait mobiliser entre 25 et 64% des ressources planétaires, autrement dit, l’homme s’apprête à utiliser tout l’aluminium qu’il pourra trouver et, ce, quel qu’en soit l’endroit, de la même façon qu’ont été traités les hydrocarbures fossiles.

Aujourd’hui, l’aluminium est un élément banal dans le quotidien des consommateurs : on l’utilise et on le jette sans aucune retenue car il n’est pas, pour l’heure, une denrée rare. Mais si la tendance décrite ci-dessus se poursuit, il y a fort à parier que ce métal, aujourd’hui abondant, deviendra une ressource très précieuse… et qui dépassera allègrement les 3 500$ la tonne !

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