Les métaux industriels s’envolent après de nouvelles sanctions contre la Russie

Le conflit en Ukraine débuté juste après l’apaisement de la crise sanitaire a eu de très nombreuses conséquences sur l’économie mondiale. La Russie et l’Ukraine étant de puissants fournisseurs en énergie et en métaux, les sanctions infligées à la Russie et l’invasion en elle-même du territoire Ukrainien ont entraîné des hausses de prix sans précédent, impactant aussi bien les professionnels que les particuliers.

Les métaux n’ont depuis eu de cesse de faire le yo-yo, entre hausses spectaculaires de certains métaux et, à l’inverse, chutes libres de certains autres. Les spécialistes économiques ont du mal à prévoir les évolutions tant le secteur est devenu sensible.


Sanctions contre l’État russe

Récemment, le Royaume Uni et les USA ont décidé d’interdire l’importation de métaux d’origine russe, afin de continuer à affaiblir économiquement le pays. Des sanctions non sans conséquences directes sur le London Metal Exchange puisque l’aluminium et le cuivre ont soudainement vu leurs cours augmenter alors que ceux-ci étaient plutôt sur une tendance descendante jusqu’à lors. Ils atteignent aujourd’hui près de 2 728$ la tonne pour l’aluminium et 9 640$ la tonne pour le cuivre. Autre métal qui s’est soudainement senti pousser des ailes : le nickel, qui lui aussi est monté pour atteindre 19 335$ la tonne. De quoi affaiblir une fois de plus des secteurs d’activités lourdement impactés déjà par les différentes crises de ces dernières années.


L’Asie comme refuge ?

Du côté russe, bien que ces sanctions soient gênantes, des industries comme Rusal, spécialisée dans la production d’aluminium, se sont tournées vers l’Asie, laquelle est peu regardante quant à l’origine de ses approvisionnements. Bien entendu, la Russie garde la tête haute, mais les sanctions ont tout de même eu un impact sur leurs chiffres avec une perte de près de 10 milliards de dollars sur leurs exportations de métaux et d’énergie, principaux produits de leurs exportations.

Le but de ces sanctions est d’affaiblir l’économie et donc, par conséquent, les ressources financières des Russes dans leur offensive militaire face aux Ukrainiens. De leur côté, les Chinois, qui avaient déjà importés et revendus de l’énergie russe lors des précédents embargos, parviennent à contourner le système en faisant passer le cuivre russe pour de la ferraille.

D’après certaines sources, des intermédiaires déchiquettent le fil machine en cuivre afin de rendre compliquée sa distinction d’avec la ferraille, ce qui permet ainsi de contourner les sanctions et de payer moins de taxes douanières. Épinglées, les douanes russes ont refusé de fournir des chiffres, tandis que les données douanières chinoises montrent une forte hausse d’achat de déchets de cuivre en Russie. Une omerta somme toute logique mais qui pourrait faire perdre quelques clients britanniques et américains aux entreprises chinoises soupçonnées de contourner l’embargo.

Enfin, autre élément qui a permis de facilement contourner le système avec ces fausses importations de déchets de cuivre, le fait que le déchiquetage a lieu dans la région de Xinjiang, une région aux accès restreints par les autorités chinoises suite à la condamnation internationale de la répression des Ouïghours. Une aubaine pour les Russes et les Chinois qui peuvent ainsi continuer en toute discrétion leurs activités en dépit des restrictions imposées par les occidentaux.

Bien entendu, les Américains et les Britanniques ne sont pas dupes, et ont constaté les augmentations soudaines d’exportation de déchets de cuivre alors qu’auparavant la Russie n’en exportait qu’une infime quantité. Malgré tout, entre omerta russe, langue de bois de certaines entreprises et accès restreints aux zones d’importations chinoises, difficile de réellement tracer le cuivre déguisé en déchets, et donc d’infliger des sanctions à la Chine qui reste contre toute attente, une entité puissante pour l’économie mondiale, et donc, un géant difficile à manipuler pour les opposants à la Russie qui aimeraient voir la Chine s’allier à eux.


Le marché mondial des métaux est ainsi puissamment sous-tendu de données géopolitiques mondiales, lesquelles modifient les appréciations habituelles des évolutions « naturelles », entendre des conjonctures habituelles, entre offre et demande.

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