L’Europe peut-elle diminuer sa dépendance à la Chine ?

Les nouvelles technologies électriques ont le vent en poupe. Avec la démocratisation du tout électrique, motivée par les annonces de pénuries futures d’énergies fossiles et les interdictions de moteurs thermiques à venir, la demande en cobalt, lithium ou magnésium a plus qu’explosé à travers le monde.

Affaibli d’un point de vue industriel, le vieux continent s’est vite fait dépasser par la Chine qui a su rapidement tirer son épingle du jeu en prenant le lead sur toutes les matières premières stratégiques pour ce qui concerne la création de batteries. Pour l’Europe, il s’agit donc de diminuer sa dépendance vis à vis du géant asiatique. Certes, la Chine contrôle près de 90% des terres rares et la moitié du traitement et du raffinage du lithium, mais cela ne signifie pas que l’Europe fait face à une fatalité, elle peut au contraire réduire sa dépendance.

La dépendance à la Chine n’est pas une nouveauté en soi : depuis des décennies les industriels mettent tous leurs œufs dans le même panier et ont fait de la Chine l’usine du monde. Si les choses ont pu se dérouler profitablement durant des années, la crise sanitaire de 2020 a mis en lumière l’ultra dépendance des industries face à l’Empire du Milieu. Une dépendance qu’il est devenu urgent de réduire, que ce soit pour des raisons sanitaire, naturelle ou géopolitique.

Après des décennies de désindustrialisation, l’Europe s’est reprise à investir massivement dans un large programme de réindustrialisation afin de s’affranchir des géants dont elle dépend. Une cinquantaine de projets tournant notamment autour de la fabrication de batteries, dont 4 rien que sur l’hexagone doivent voir le jour, ce qui, dans la mesure où les projets aboutiront, accélèrera les demandes en terres rares et en lithium d’ici à 2030, une aubaine pour l’Europe mais qui peut réveiller de nouveau des addictions à la Chine.

Afin de ne pas basculer sur le même schéma que pour les précédentes industries, l’Europe doit donc s’assurer un minimum d’indépendance, chose peu aisée mais faisable. Pour pallier cette future dépendance, l’UE mise sur des extractions sur ses terres, ce qui pourrait représenter l'équivalent de 10% des besoins annuels de lithium, de cobalt et de terres rares.

Pour compléter cela, l’Europe mise sur le recyclage, qui pourrait représenter 15% et l’achat des matières manquantes auprès d’un panel de fournisseurs étrangers n’allant pas au-delà du seuil de 65% au même pays. Une démarche qui pourra réduire fortement la dépendance à la Chine grâce aux accords conclus avec des pays tels que l’Australie, le Chili et l'Indonésie. Les membres de l’UE se sont d’ailleurs accordés pour que l’ensemble des textes relatifs à ces démarches soient votés dans des délais brefs afin d'accélérer le projet.

D’après des estimations récentes, si l’ensemble des projets aboutissent, ce n’est pas moins de 50% de la demande de lithium raffiné qui pourrait provenir de l’Europe d’ici à 2030. Un enjeu de taille quand on sait que l’interdiction des voitures thermiques prendra effet en 2035, c’est à dire demain !

Bien sûr, les experts, bien qu’optimistes, restent réalistes sur la puissance européenne face aux géants chinois et américains, mais l’Europe pourra réduire sa dépendance malgré tout. Une opportunité qui pourrait donner un nouveau souffle industriel à une UE qui durant trop longtemps s’est reposée sur ses lauriers, des lauriers made in China.

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