La réutilisation des eaux usées est-elle une solution miracle ?

Dans le cadre de la lutte pour limiter le réchauffement climatique, bon nombre d’actions sont en cours ou ont été lancées ces dernières années avec plus ou moins de succès. Certes, les choses avancent parfois trop lentement aux yeux des plus fervents écologistes, mais, toujours est-il que de nombreuses sociétés recherchent des solutions alternatives pour procéder à une mise au vert d’un grand nombre d’industries visant à décarboner au plus vite leurs activités.

Une denrée qui se fait de plus en plus rare, c’est l’eau. La sécheresse s’intensifie et de nombreuses zones sont à sec ou presque. Prenons comme exemple récent le canal de Panama qui réduit son activité faute de niveau d’eau suffisant, ou encore plus près de chez nous, le Rhin qui voit son trafic fluvial lui aussi réduit à cause de la sécheresse.

Des régions en France ont vu les restrictions d’eau se multiplier ces dernières années, au grand dam des amoureux du jardinage et des quelques chanceux disposant d’une piscine. Malheureusement, les nappes phréatiques doivent être préservées pour que l’eau potable puisse être accessible à tous.

Récemment, le gouvernement a signé un décret permettant de faciliter la réutilisation des eaux usées. Un document qui s’inscrit dans le cadre du plan eau mené par l’exécutif. Jusqu’à présent, une commune qui voulait utiliser les eaux usées pour ses espaces verts par exemple, devait solliciter l’agence régionale de la santé. Une procédure longue qui sera désormais simplifiée, car, comme chacun sait, l’administratif peut parfois être un frein aux innovations. Dorénavant, une Mairie ou un agriculteur pourront plus facilement utiliser leurs eaux usées pour les besoins de leurs activités.

L’utilisation des eaux usées, malgré la facilitation de leur traitement, n'est malheureusement pas une solution magique pour pallier les problématiques ambiantes. Un récent rapport ministériel confirme cette affirmation en ajoutant que même si cette solution a des avantages, elle doit être utilisée avec d’autres alternatives pour être efficace. Plusieurs points montrent que ce qu’on appelle plus communément la “ réut’ ” reste un processus coûteux, aussi bien d’un point de vue économique qu’environnemental. De fait, le traitement de cette eau nécessite des additifs chimiques et de l’énergie, dont l’utilisation (et l’élaboration) est polluante. Et le coût du traitement est lui aussi conséquent. Il faut bien comprendre que si l’utilisation des eaux usées permet de moins solliciter les nappes phréatiques locales, elle reste une alternative coûteuse malgré tout de par sa mise en place si l’on se place d’un point de vue global.

Cette eau utilisée n’est ni nouvelle, ni gratuite. La rareté de celle-ci est donc toujours réelle et on doit l’utiliser avec précaution. Les eaux réutilisées doivent être prélevées près des stations de traitement, donc parfois loin des lieux d’utilisation. De plus, la technique de traitement de ces eaux peut, selon les zones, altérer les écosystèmes environnants. Le traitement dans les zones littorales est plus pertinent car l’eau est rejetée dans la mer et présente un risque d’altération moindre sur l'écosystème, tandis que les zones continentales peuvent voir leur écosystème altéré par le rejet de ces eaux traitées et le débit des cours d’eau, qui dépendent des stations de traitement, peuvent être eux aussi impactés. Si les zones littorales sont plus évidentes, il n’en reste pas moins qu’elles doivent quand même limiter les rejets aussi bien pour l'écosystème que pour la qualité des zones de baignade et de conchyliculture.

Nombre de projets sont actuellement en cours : plus de 400, dont près de 130 sont déjà en activité. Si les chiffres sont encourageants, il n’en est pas moins que ces eaux ne doivent pas être considérées comme de nouvelles sources inépuisables, l’heure n’est pas à l’abondance mais bien à la sobriété. L’utilisation de ces eaux doit se faire dans le cadre d’une substitution remplaçant les prélèvements d’eau potable, et doit également se faire avec une certaine raison quant à son utilisation.

En conclusion, la réutilisation des eaux usées reste une solution efficace qui présente des avantages comme la génération de biogaz avec les boues produites par leur traitement et permet une substitution efficace à des usages prioritaires (agriculture, lieux publics, etc…). Il faut malgré tout que cette utilisation se fasse avec sobriété et dans des zones pertinentes sans que cela altère l'écosystème environnant ou encore la recharge des cours d’eau qui dépendent des stations de traitement pour alimenter leur débit.

D’autres solutions existent et sont à l’étude, et elles doivent s’ajouter à la “réut” pour réellement créer une alternative efficace à l’alimentation en eau des foyers et des lieux publics.

UTILISATION DES COOKIES
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies permettant de proposer des services et offres adaptés à vos centres d'intérêts.