Navigation en eaux troubles pour l’acier
Après une légère remontada printanière marquée notamment par une hausse des prix, majoritairement sur les tôles et les tubes, le marché de l’acier traverse actuellement une période compliquée à tendance baissière. La cause reste encore et toujours une sempiternelle demande qui peine à redécoller durablement. Il faut dire que le contexte économique et géopolitique n’arrange pas les choses, le monde est plongé dans un climat complexe et imprévisible qui rend toute prévision à moyen terme difficile voire impossible.
Une demande qui a la gueule de bois
La demande est atteinte d’une morosité sans précédent, le constat est sans appel, malgré un renforcement des barrières douanières pour aider l’acier européen, celui-ci peine à retrouver une certaine dynamique. Les secteurs publics et privés ont une véritable aversion au risque, ils limitent au possible leurs projets en attendant des jours meilleurs, sans aucune date possible de reprise annoncée.
Le secteur reste donc en difficulté avec des prix trop bas, des surstockages massifs et une volatilité accrue, difficile de faire la moindre prévision. Tout ce que les experts s’accordent à dire c’est que le marché peut réagir très rapidement au moindre battement d’aile du secteur. Bien sûr, pas tous les aciers ne réagissent pareil, l’inox tend à une certaine stabilité tandis que l’aluminium dévisse au niveau des prix si l’on suit les tendances des cours du marché.
Côté filière électrique (poutrelles, laminés, produits bétons etc.) les cours de ferraille jouent aux montagnes russes à une vitesse vertigineuse, créant ainsi une instabilité difficile à suivre et anticiper. Bien que la demande soit stable, les prix ne parviennent pas à se stabiliser, créant de nombreuses incertitudes et ralentissant ainsi de nombreux projets.
Pourquoi de telles incertitudes ?
Les facteurs sont multiples pour expliquer ces tendances. Il y a bien entendu la conjoncture intimement liée aux tensions géopolitiques qui ont lieu en Ukraine, en Inde, au Pakistan ou encore au Moyen Orient, des crises majeures qui impactent durablement de très nombreux secteurs d’activités.
Outre ces tensions, on peut aussi citer les politiques commerciales et protectionnistes, notamment celles émanant de la nouvelle administration Trump, fraîchement réélue qui a décidé d’en découdre, créant des ripostes côté Chine et Europe qui mettent à mal tout l’équilibre économique de très nombreux secteurs d’activité.
Enfin, les problématiques de transition écologique occasionnent de gros investissements qui ont une répercussion sur les prix du secteur. Les R&D enclenchées pour répondre aux deadlines des normes nouvellement votées ont un coût significatif qui entraîne là aussi quelques remous, bien que cela reste assez minoritaire en comparaison des précédents paramètres cités.
Il est donc devenu difficile de naviguer dans le secteur de l’acier en ce moment tant la météo est imprévisible. La volatilité du marché reste le maître mot avec une demande fragile et des coûts de production de plus en plus élevés soumis en parallèle à une concurrence très active et des tensions géopolitiques très instables. Il est donc nécessaire de créer une veille quotidienne du marché pour pouvoir anticiper au mieux tout projet industriel. Bien que certains veulent garder un certain optimisme avec l’espoir d’une petite hausse de la demande, cela reste pour le moment compliqué de prévoir quoique ce soit tant les actualités vont de surprises en surprises, entre conflits armés et bombages de torses entre puissances commerciales, l’heure reste à l’incertitude et ce sera à celui qui aura les meilleurs réflexes pour réagir au bon moment en attendant une stabilisation cohérente du marché.