La ruée vers le cuivre
Si l’on est plus familier avec la ruée vers l’or, le cuivre n’en reste pas moins un métal qui a toujours été très prisé lui aussi. Ces dernières semaines, le cuivre a été encore plus sollicité qu’à l’accoutumée, faisant craindre une tendance haussière très importante sur les marchés, avec un taux atteignant 10 000 $ la tonne. L’offre devenant inférieure à la demande, on estime que la tonne de cuivre pourrait atteindre rapidement les 12 000€ la tonne.
Comme le lithium ou le nickel, le cuivre est devenu indispensable dans la décarbonation des industries. En effet, avec l’arrêt programmé du pétrole et du charbon, le cuivre, qui conduit l’électricité, s’avère primordial pour l’électrification de tout ce qui est mu à ce jour par des énergies fossiles.
L’or rouge
Principal problème : les mines ne produisent pas assez de cuivre pour répondre à la demande toujours croissante des entreprises qui ne jurent plus que par l’électrique. Outre ce déséquilibre offre et demande, il y a la question de la dépendance des pays face aux principaux producteurs que sont le Chili en pôle position, suivi du Pérou, de la République Démocratique du Congo et enfin de la Chine, elle-même suivie de près par les USA ou encore la Russie. Mauvaise pioche donc pour l’Europe qui se retrouve une nouvelle fois dépendante quasi-totalement d’économies extérieures.
La hausse des cours de à l’or rouge entraîne attise les convoitises de personnes mal intentionnées prêtes à tout pour s’emparer du cuivre où qu’il soit. Les fameux vols de cuivre régulièrement recensés dans les faits divers reflètent bel et bien ce besoin croissant des industriels pour acheter ce métal précieux au meilleur prix. Récemment, en Isère, une entreprise d’électromécanique a été cambriolée avec pour unique butin… du laiton et du cuivre. Dans un registre similaire, suite aux récentes sanctions imposées contre la Russie, la Chine a fait passer du cuivre russe pour des déchets de féraille en vue d’en importer en catimini et le revendre ensuite au plus offrant.
Le secteur du cuivre tout entier est lui aussi en pleine ébullition. Tout récemment encore, BHP, la plus grande société minière d’Australie, a proposé de racheter un de ses principaux concurrents anglo-américain pour la modique somme de 60 milliards de dollars, de quoi affoler les marchés et faire encore plus grimper le cours du cuivre, même si l’offre a été refusée par la suite.
Quelle tendance pour le cuivre ?
Nous en parlions au début de cet article, les spéculations sur l’indice du cuivre vont bon train et le prix de 12 000$ la tonne a été maintes fois évoqué par les spécialistes. Avec l’augmentation du tout électrique, la demande flambe mais la production stagne. Cette hausse des cours, si elle s’annonce durable, pourra justifier, pour les producteurs, des investissements importants afin d’augmenter les cadences de production du métal précieux.
Toutefois, si les investisseurs se plaisent à affoler les marchés en hurlant à la pénurie très régulièrement, aucune annonce officielle de ce genre n’a encore été faite. Quoiqu’il en soit, des alternatives à la production se mettent en place, avec notamment le recyclage du cuivre qui permet de diminuer à la fois les prix, mais également son indice carbone.
Le recyclage en alternative ?
Rappelons que le cuivre est un matériau 100% recyclable qui ne perd rien de ses capacités une fois passé par la case recyclage. Pour rappel, la France recycle son cuivre usagé mais elle reste encore en retard car elle ne dispose quasiment d’aucune filière d’affinage sur son sol, l’obligeant à exporter son cuivre en quasi-totalité vers l’Allemagne, la Belgique ou l’Espagne qui sont mieux équipés (sans compter la Pologne qui, elle, produit également un peu de cuivre).
Ce retard a pour conséquence une perte de souveraineté du pays en termes d’approvisionnement. Un comble quand on sait que le pays est très bien noté pour son taux de recyclabilité des métaux usagés.
Le cuivre est donc devenu un métal de plus en plus précieux grâce ou à cause de la transition écologique. Une aubaine pour les producteurs mais aussi une grande source de stress pour la filière qui malgré une tendance haussière non négligeable, se voit aussi accablée par une demande de plus en plus élevée et une offre qui peine à y répondre.
Nul doute que le prix de 12 000$ la tonne devrait sous peu devenir réalité. La question sera alors de savoir si, une fois atteint, ce taux restera stable ou s’il continuera sa croissance vers des niveaux stratosphériques.