L'UE au secours de la sidérurgie
Les industries sidérurgique et métallurgique ont été les fleurons de l’Europe lors de la révolution industrielle. Une industrie très importante qui est devenue indispensable pour des secteurs comme la construction ou l’automobile. Au fil des années, l’émergence de pays puissants, à l’instar de la Chine, ont mis à mal cette industrie, la fragilisant au plus haut point. Si celle-ci représente près de 80 milliards d’euros du PIB de l’UE et plus de 2,6 millions d’emplois, il n’en demeure pas moins que le secteur s'essouffle et entame, selon certains spécialistes, une lente agonie.
Une situation alarmante
L’industrie sidérurgique européenne ne vit pas un long fleuve tranquille : les conflits géopolitiques ont fait grimper en flèche les coûts énergétiques, impactant de fait les coûts de production, qui sont rapidement devenus prohibitifs sur le vieux continent.
Évoquée un peu plus haut, la concurrence étrangère, notamment de l’Asie, est devenue impitoyable pour le secteur européen. Le secteur est tiraillé entre des importations massives et des surcapacités conséquentes (plus de 550 millions de tonnes), ce qui a tôt fait de créer un réel déséquilibre et de rendre la compétition très difficile pour l’UE.
Enfin, conséquence directe des deux phénomènes précédents, la consommation d’acier diminue, conséquence logique de la chute de la production globale. L’importation massive à bas coûts et la délocalisation ont entraîné des fermetures qui ont rétréci le marché UE, créant un déclin quasi irréversible.
L’UE à la rescousse ?
Le 19 Mars dernier, la Commission Européenne a dévoilé un plan d’action en réponse aux appels de détresse de l’industrie. Ce plan est un défi d’envergure visant à garantir une industrie sidérurgique européenne qui soit compétitive, résiliente et décarbonée. De quoi qualifier ce plan d’ambitieux !
En ce qui concerne la compétitivité, la commission encourage à maîtriser les coûts de l’énergie, autrement dit à créer des synergies dans l’achat d’électricité ou encore à réduire les taxes et les tarifs selon les outils existants au sein de l’UE. En parallèle, l’UE cherche à renforcer la sauvegarde de son industrie par le biais de protections commerciales plus robustes, avec par exemple l’application de la règle “melted and poured” pour éviter tout contournement : le schéma de production doit rester exclusivement au sein de l’UE. Enfin, pour limiter l’importation massive, le CBAM (Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières) veut égaliser les coûts entre production intra européenne et importation, notamment dans tout ce qui concerne l’industrie automobile.
Quant à la décarbonation, l’UE souhaite encourager l’innovation et donc financer la R&D. Une mobilisation financière estimée à plus de 150 milliards d’euros qui permettra aussi la création de nouveaux marchés porteurs à travers une simplification du cadre des marchés publics et un soutien technologique appuyé, notamment avec l’hydrogène bas-carbone.
Le plan vise ensuite à sécuriser les ressources et à accentuer l’économie circulaire. La ferraille, par exemple, est essentielle pour l’acier bas-carbone, avec une demande qui est en passe d’augmenter de manière exponentielle. L’UE veut limiter les exportations hors de son territoire, notamment en appuyant tout ce qui est contenu recyclé. L’idée maîtresse est que le taux d’utilisation des matériaux de manière circulaire soit autour des 24% d’ici à 2030 avec, entre autres, une optimisation des achats de matières premières critiques passant par une structure d’achat dédiée et gérée par l’UE elle-même.
Bien entendu, le plan veut protéger et soutenir l’emploi, à savoir protéger les emplois jugés qualitatifs et opérer une transition juste des autres postes vers de nouvelles fonctions par le biais d’une analyse détaillée des compétences de chaque métier avec une recherche d’équité.
Un défi de taille !
Si l’industrie a bien accueilli ce plan d’action, sa réussite reste un défi majeur. Il faut pour cela une exécution rapide, une efficacité avérée et des financements correctement mobilisés et utilisés. Une feuille de route qui reste encourageante mais qui ne sera pas sans obstacles !