L’inox victime indirecte du tout électrique
Composé pour partie de nickel, l’inox est régulièrement impacté par les soubresauts du marché de cette matière première.
Le nickel intervient de manière cruciale dans la fabrication des batteries des voitures électriques et hybrides. Avec un objectif 100% électrique à 2035 et les spéculations qui l’accompagnent, le marché du nickel devient imprédictible. En théorie, les cours devraient exploser. Et pourtant…
Et pourtant, la demande s’avère beaucoup moins dense que prévue, occasionnant de sacrés remous dans les cours de métaux liés aux batteries, dont bien entendu le nickel, qui souffrent d’une production excédentaire et d’une dévaluation de près de 40% en moyenne.
Retour vers le futur
Depuis quelques années, les véhicules électriques sont l’objectif numéro un des constructeurs automobiles. Tesla a ouvert la marche avec des modèles 100% électriques dotés d’un panel de technologies très innovantes à l’époque. Et il n’a pas fallu attendre bien longtemps avant que les constructeurs historiques réagissent.
Certes, quelques-uns avaient déjà tenté par le passé l’aventure de l’électrique mais sur des volumes bas, voire anecdotiques. En moins d’une décennie, l’électrique est devenu suffisamment tendance pour que tous les constructeurs se lancent sur ce marché. La prise de conscience écologique globale, les aides à l’achat de véhicules électriques et les restrictions à venir sur le thermique sont les principaux moteurs décisionnels qui ont poussé les firmes automobiles à sortir des gammes électriques et hybrides.
Tous les spécialistes s’accordaient encore récemment à dire que l’avenir serait au véhicule électrique. Aux USA, des estimations voyaient à court-moyen terme le parc automobile composé à 67% de véhicules électriques. De quoi booster l’industrie automobile et tous ses acteurs à miser sur l’électrique.
Ainsi, le nickel a été extrait en masse, les lignes de productions ont augmenté la cadence, les actions marketing saturé les médias de cette solution d’avenir et, au final, c’est la douche froide.
Volkswagen recule (et il n’est pas le seul)
A ce jour, le parc automobile électrique américain ne compte que 7% de véhicules électriques contre les 67% envisagés. Le public boude l’électrique, la faute à un manque de confiance dans le produit (la peur de la panne électrique revient souvent) ou encore un prix jugé trop élevé dans une conjoncture maussade où l’inflation continue de faire des ravages.
Ce constat a motivé les constructeurs à revoir leurs copies et privilégier pendant quelques temps encore les mobilités thermique et hybride, sans pour généralement autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Le constructeur allemand Volkswagen, en revanche, a quant à lui totalement revu sa copie : il reprend ses investissements dans le moteur thermique ! En 2023, le constructeur avait annoncé que d’ici 2030, ses ventes annuelles de véhicules zéro émissions serait de l’ordre de 80% en Europe. Or, le recul des ventes du secteur (dont une baisse frôlant les 31% rien qu’en Allemagne dès après l’arrêt des bonus à l’achat) a tôt fait de lui faire revoir ses ambitions vertes à la baisse.
Sur les 180 milliards initialement mis de côté pour développer l’électrique, un tiers sera finalement alloué au développement de moteurs thermiques pour faire face à la demande. Volskwagen n’est pas un cas isolé, nombreux sont les constructeurs qui changent leur fusil d’épaule afin de rester compétitifs. Néanmoins, cela ne signifie pas que les usines vont reprendre une production de véhicules à essence pour autant : ce sont les moteurs hybrides qui vont être mis en avant, dans l’espoir d’être en capacité de basculer sur une solutiuon électrique lorsque le public sera prêt. Des constructeurs comme Kia l’ont bien compris et ont développé une gamme en 3 motorisations selon les derniers modèles, hybride, hybride rechargeable et 100% électrique, tout en abandonnant des modèles pour les remplacer par du tout électrique.
Une stratégie efficace ?
On l’a vu, que ce soit aux USA ou en Europe occidentale, le moteur thermique reste, notamment en format hybride, un format en vogue pour de nombreuses raisons. La transition est finalement moins rapide que souhaitée et les constructeurs, tout comme leurs sous-traitants, mettent les chevaux au pas. C’est ainsi que la frénésie de production de nickel, en particulier en Indonésie, en générant un surstock de matière première, a fait dégringoler les cours.
Si certains constructeurs mettent les deux pieds sur le frein en matière d’investissements dans la mobilité électrique, d’autres comme les constructeurs chinois vivent déjà dans le futur : les automobilistes chinois privilégient le tout électrique au point que l’économie d’échelle permet aux moteurs thermiques de devenir plus chers que les moteurs électriques. Le tout pour une écologie en trompe l’œil dans un pays où l’électricité est encore majoritairement produite par la combustion de charbon !
Notons au passage que les constructeurs chinois n’ont de leur côté plus recours au nickel pour la fabrication de leurs batteries. Nous pouvons ainsi nous attendre à ce que les cours de ce métal restent bas aussi longtemps que les surstocks seront hauts.