L’industrie sidérurgique européenne peine à entrer dans la neutralité carbone

La sidérurgie est un bassin d’emploi avoisinant les 10 000 personnes au sein de l'Union Européenne. Un secteur actif mais fortement malmené par la conjoncture de ces dernières années. En 2022, on recense une baisse significative de l’ordre de 10,5% d’après l’association mondiale de la sidérurgie Worldsteel.

Cette baisse s’explique par de nombreux facteurs dont la hausse des coûts énergétiques qui fait encore des ravages au moment où sont écrites ces lignes. Il faut dire que depuis une décennie, la Chine a mis les bouchées doubles pour assurer une plus forte compétitivité, mettant à mal la sidérurgie de l’Europe des 27 qui, il y a 10 ans exportait légèrement plus qu’elle n'importait. Elle peine aujourd’hui à tenir le cap face à l’Empire du Milieu.

Cette position dominante de la Chine a poussé de nombreuses usines à fermer leurs portes, que ce soit en France, en Espagne, en Angleterre ou encore en Allemagne, le manque de compétitivité a eu raison de nombreuses usines qui avaient pourtant connu des années de prospèrité.

Si quelques usines tiennent encore debout le cumul de la crise sanitaire et des crises économique, géopolitique et énergétique a fait du tort à l’industrie sidérurgique vieillissante du vieux continent. Si l’année 2022 a été rude, les prévisions du secteur pour 2023 ne sont guère plus rassurantes.

En outre, l’UE souhaite avancer sur le thème de la transition énergétique. Un sujet sensible pour le secteur sidérurgique tant la production d’acier est énergivore et qu’aucune solution alternative n’existe pour le remplacer. Un défi de taille quand on sait que, malgré la conjoncture, la création des infrastructures permettant de créer une électricité “propre” comme les éoliennes, les panneaux solaires ou même le nucléaire nécessitent de l’acier en grande quantité.

Or, on se retrouve face à une problématique où des géants de l’acier tels que ArcelorMittal ont planifié des productions de 4 millions de tonnes neutres en émission d’ici 2026 via l’hydrogène, alors que pour y parvenir, il n’y a pas encore assez d’électricité décarbonée, qui, elle, se produit grâce aux infrastructures citées précédemment très gourmandes en acier…. Le serpent qui se mord la queue.

Autrement dit, si l’on veut atteindre des objectifs de neutralité carbone dans la production d’acier, il va falloir produire de l’acier en masse (74 millions de tonnes supplémentaires estimées d’après des spécialistes du secteur) et, ce, en utilisant le charbon et les fours électriques car aucune autre alternative en énergie et même en matière première n’existe à l’heure actuelle.

Il va donc falloir produire plus d’acier et donc accroître les émissions de l’industrie sidérurgique pour pouvoir créer les infrastructures qui permettront de produire en neutralité carbone… une situation ubuesque mais bel et bien réelle et inévitable.

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