L’acier européen est-il menacé ?
Le président d’Arcelor Mittal France, Alain Le Grix de la Salle, a lancé l’alerte récemment. Selon lui, la production européenne d’acier est fortement menacée et a besoin d’un soutien des pouvoirs publics face à une concurrence internationale de plus en plus féroce.
Ce sont tous les sites européens qui seraient impactés et les risques de fermetures d’usines sont grands. Les arguments mis en avant concernent notamment le coût de l’énergie devenu hors de prix, la concurrence chinoise qui casse les prix, des charges fiscales très élevées et, enfin, une crise économique qui ralentit fortement la demande depuis plusieurs mois.
Actuellement, la production mondiale d’acier, estimée à presque 2 milliards de tonnes par an, serait en surcapacité de 600 millions de tonnes (soit 30%). La Chine à elle seule a exporté l’an dernier l’équivalent de la consommation européenne de toute l’année, soit 100 à 120 millions de tonnes. Un déséquilibre qui, à court terme, menace de révéler le manque de compétitivité des productions européennes sur le marché mondial et de peser fortement sur les emplois du secteur.
Le concurrent d’Arcelor Mittal, Thyssen Krupp, prévoit déjà la suppression de 11 000 emplois à horizon 2030, soit près de 40% de ses effectifs actuels. Du côté d’Arcelor Mittal France, ce sont 2 usines qui vont devoir fermer avec 165 personnes concernées. Un constat alarmant qui rendra rapidement les approvisionnements européens ultra dépendants de la Chine.
Les industriels européens ne s’opposent pas aux importations. Cependant, à l’instar des États-Unis, l’Europe souhaite protéger son marché face à un concurrent de plus en plus avide d’écouler ses surplus de production et qui, de plus, développe de nouvelles technologies toujours plus performatives.
Si le positionnement d’Arcelor Mittal reste toutefois ambigu dans la mesure où il en appelle à la puissance publique pour compenser la politique agressive de sa maison mère, la tendance de fond demeure.
La question sera désormais de savoir comment l’Europe compte préserver durablement son autonomie stratégique en matière de sidérurgie.